« VISAGES
DE TARGUIAS » Par Michel Batlle
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Les photographies du peintre et sculpteur Michel
Batlle nous emmènent
dans la région de l’Aïr, Sahara Central.
Délaissant les chemins de l'art contemporain, il s'en est
allé loin des enjeux mercantiles de la culture internationale,
en des lieux où l'existentiel est d'une autre réalité,
là où bien souvent on ne vit qu'avec du mil, de l'eau
et du thé, des paroles et des chants...
Il y a en chacun de nous une Atlantide que
l'on espère
un jour découvrir, Michel Batlle qui a planté sa
tente entre Agadez et Iférouane nous présente ses
Antinéa ; visages et regards de femmes Touarègues,
reflets de beauté, de noblesse, de labeur et d'innocence.
Les oeuvres présentées sont disponibles pour Toutes
expositions ou ventes, s’adresser à l’association
Axe Actuel. Ecrire : agadez@wanadoo.fr
Pour voir les œuvres : Galerie Artcircuit 39 rue Peyrolières
31000 Toulouse
Site de l'artiste: http://michelbatlle.free.fr
Préface de l’exposition
"
Femmes Touarègues du Niger"
par Michel Batlle
La photo pose vraiment un cas de conscience ; comment nommer
ce désir de voyeur, il faut le dire, un peu malsain ?
Cet abus de pouvoir sur ce reflet de l’autre ? Ce vol
manifeste du regard qui bien souvent trahit l’image de la
personne photographiée? Ces visages que je rencontre depuis
quelques années, pourquoi vouloir les conserver, les happer,
les rassembler comme un butin, qu’elle en est l’urgence ?
Le temps ? Mais là-bas le temps n’a pas de frontières !
Des questions que d’autres avant moi se sont sans doute posés… Et
puis je me rassure, sachant que ces visages ne se livrent pas,
qu’ils ne sont que les reflets de ce que nous pouvons imaginer
d’eux et je me dis « toi le blanc, tu réfléchis
un peu trop…». Sur le terrain tout semble plus fort,
tout endort mon occident ! Même que la beauté on
ne s’est comment en parler puisqu’elle règne
unanimement anonyme dans son immense simplicité et
puis la beauté, peut-être que ça n’existe
pas! Car trop de beauté égale pas de beauté comme
trop d’art égale pas d’art !
«
Mais pourquoi n’as-tu photographié que des femmes ? » me
demande-t-on et moi de répondre narquois, « parce
que chez les Touaregs les hommes sont voilés !… » Il
serait trop long de parler de l’univers des Targuias, il
y a, en elles, comme dans toute l’Afrique, la gaieté,
la noblesse, la générosité, l’espièglerie,
la grâce des corps en mouvement, les voix et leurs chants,
les vêtements et leurs couleurs, les regards qui en disent
long…
Autre question « Pourquoi le Sahara ? » C’est
alors que je sors mon unique citation, elle est de Pierre Benoît : « Plus
loin, plus loin m’écriais-je, vers le Sud, jusqu’aux endroits
où n’atteint pas l’ignoble marée de gravats de la
civilisation ».
Comme l’impression d’avoir trahi l’art comptant
pour rien ! Les voyages, ma fuite en avant, loin de l’occident
devenu pour moi comme un accident de la nature. Suis maintenant
un réfugié culturel, apatride des cultures de marché et
du spectaculaire, des cénacles privés d’élites,
des intellectuels qui ne sont que des gargouilles pour les mots.
La vie en brousse est rude pour les nomades,
on ne se nourrit bien souvent que de mil et d’eau. Il y a 3000 ans, la vie
n’était pas très différente de celle
d’aujourd’hui, dans ce Niger qui est un des pays les
plus pauvres du monde où, par la force des choses s’est
maintenu un mode de vie parfois proche du néolithique. Ici,
l’existentiel c’est quelque chose !
Le département d’Agadez est grand comme la France,
au centre le Massif montagneux de l’Aïr, de part et
d’autre l’Azawag et le Ténéré,
du roc et du sable ; un seul chirurgien, un seul dentiste
pour cette vaste région mais des marabouts et des belles
histoires… Agadez, ville bâtie d’argile crue
semble résister à toutes les difficultés,
le climat, l’isolement, l’absence de ressources naturelles… Elle
est la capitale des Touaregs, d’un territoire naturel qui
s’étend sur plusieurs états, puisque lors de
la décolonisation, la France a ignorée ce peuple
qui lui avait causé tant de difficultés… Des
peuhls, des Houssas, des Djermas, des Kanouris, des Arabes, les
caravanes de chameaux ou les camions de l’immigration, Agadez,
Babel des sables sous la Voie Lactée!
Michel Batlle
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