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Culture / Histoire / Société

Vocabulaire français-djerma et djerma-français

Les Djermas-Songhaïs constituent plus de 20% de la population du Niger, ils se sont implantés le long du Fleuve Niger, en grande partie installés depuis le VII siècle dans la région de Tillabéri. A l’origine se sont des pêcheurs qui vouent à leur fleuve et aux animaux qui le peuplent certains cultes animistes. Après la chute de l’Empire Songhaïs et probablement poussé par des troubles, ce peuple venu du Mali s’est métissé avec les tribus autochtones tout en perpétuant leurs coutumes adoptant la langue songhaïe, à laquelle se rattachent les Kourteys et les Wogos.

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Préface

La langue Songhaï, dont le Djerma ou Zerma est un dialecte, c’est l'une des langues les plus répandues et les plus importantes du Soudan et, en particulier, de la partie du Soudan incorporée à l'Afrique occidentale française.

Son domaine propre est constitué par la vallée du Niger et le chapelet de ses bras, canaux, lacs et mares, depuis Dienné en amont jusqu'à Ilo, sur la frontière du Dahomey et de la Nigeria anglaise, en aval. C'est la langue courante des grandes métropoles commerciales et intellectuelles du Niger, c'est-à-dire de Dienné et de Tombouctou; c'est la langue commerciale de cette riche zone des inondations nigériennes, dont l'avenir s'annonce comme particulièrement brillant; c'est aussi la langue de Gâo ou Gaogao, cette ancienne capitale d'un empire que nous ont décrit Léon l'Africain et les géographes arabes et dont la puissance et la civilisation jetèrent un si vif éclat au XVIe siècle; c'est encore la langue des provinces méridionales de cet empire aujourd'hui disloqué, c'est-à-dire du Djerma-Ganda, du Zaberma et du Dendi; c'est enfin la langue de tous ces bateliers, convoyeurs et pêcheurs qui, sous les appellations diverses de Sorko, Kourteï, etc., donnent au grand fleuve africain sa vie et son animation spéciale et en font l'une des plus belles artères économiques du monde.

L'extrême simplicité de cette langue, son aptitude remarquable à s'assimiler les mots des langues voisines, l'absence de toute articulation étrange ou difficile, comme aussi ce fait qu'elle est devenue l'instrument indispensable des affaires et de la politique dans la vallée nigérienne, ont contribué puissamment à répandre le songaï, qui est devenu en quelque sorte une langue internationale, parlée par un nombre extraordinaire d'individus en outre de leur langue propre.

Il était donc fort désirable que quelqu'un, connaissant bien le dialecte djerma, nous en donnât un vocabulaire, afin que l'on pût faire aisément la différence, très légère d'ailleurs le plus souvent, qui distingue ce dialecte du songaï de Tombouctou. Grâce au concours bienveillant de M. le gouverneur général Ponty, la lacune vient d'être heureusement comblée par M. l'adjudant Marie, des troupes coloniales.

Au cours d'un séjour qu'il fit récemment à Niamey, en pays djerma, ce sous-officier s'adonna à l'étude de la langue parlée autour de lui et arriva à la comprendre et à la parler couramment, si bien qu'il n'éprouvait plus le besoin de recourir à l'aide d'un interprète. Il songea à faire profiter ses camarades et tous ses compatriotes des connaissances qu'il avait acquises et c'est dans ce but qu'il utilisa ses quelques heures de loisir à rédiger les notes et les vocabulaires qui constituent le présent volume. Son travail fut apprécié de ses chefs et transmis à M. le gouverneur général Ponty, qui en autorisa la publication avec le concours pécuniaire du budget du Territoire militaire du Niger, directement intéressé dans la question.


M. DELAFOSSE

AVERTISSEMENT (de l'auteur)

L'idiome djerma est parlé par les indigènes des régions du Haut-Sénégal-Niger et du territoire du Niger comprises entre Gao et Say, notamment dans les cercles et secteur d'Ansongo, Tillabéry, Niamey, Gaya, Yéni, jusqu'à Dogoudoutchi. En outre, et par suite de la pénétration des Français vers l'Est, de nombreux Djerma ont quitté leur pays et se sont é ablis en pays haoussa; on en trouve donc dans tous les postes ou centres importants échelonnés entre Niamey et le Tchad.

OBSERVATIONS DIVERSES

La prononciation du dialecte djerma entraîne quelques modifications dans la valeur à donner à certains caractères de l'alphabet latin; elles étaient indispensables, car certains sons djerma n'ont pas leur équivalent en français.

Les modifications dont il s'agit, apportées à notre alphabet, permettent de rendre à peu près exactement la valeur phonétique des sons djerma.

VOYELLES
o a Comme en français
o e ³Muet² n'existe pas en djerma; se prononce soit comme ³é² soit ³è²: il sera accentué dans le second cas.
o i Comme en français
o o Comme en français
o u Cette voyelle est employée pour rendre le son ³ou², afin d'éviter de lire séparément la lettre ³o² puis la lettre ³u². Chaque lettre doit conserver toujours sa valeur propre. Le son de l'u français n'existe pas en djerma.
CONSONNES
o b Comme en français.
o d Comme en français.
o f Comme en français.
o g Comme dans le son ³gue² en français; dans aucun cas ³je²
o h Toujours aspiré.
o k Comme en français; cette consonne remplace également le ³e² et le ³q², supprimés comme équivalents.
o l Comme en français.
o m Comme en français.
o n Comme en français.
o p Comme en français (aucun mot djerma ne commence par cette lettre).
o r Ne doit pas être grasseyé, comme il l'est parfois en français; il doit être prononcé en plaçant le bout de la langue contre les dents (aucun mot djerma ne commence par cette lettre).
o s Toujours comme le son ³se²; jamais ³ze².
o t Comme en français.
o Z Comme en français.
o w Comme y dans Bayonne ou ï dans faïence.
o dy Ces deux lettres réunies sont indispensables pour rendre la valeur phonétique de certains mots djerma; elles doivent être prononcées comme un d ou g mouillé, comme di dans ³Dieu² ou gui dans ³morguienne².
o Les consonnes C, Q, V, X sont utilisées; les deux premières sont remplacées par la lettre K, les deux autres n'ont pas leur équivalent en djerma.
Remarque. - Les consonnes dures sont doublées lorsqu'elles se trouvent dans le corps d'un mot; les deux lettres sont en outre séparées par une apostrophe. Ex. : il Ôli ³corne², prononcer ³il li² en marquant un temps d'arrêt entre les deux syllabes. Se trouvant à la fin d'un mot, elles sont simplement suivies d'une apostrophe. Ex. : bunkus' ³rance².

L'accent tonique, jouant un très grand rôle dans la prononciation, sera indiqué par un accent circonflexe placé au-dessus de la voyelle; il se trouve indifféremment à la fin ou dans le cours, comme au commencement des mots.

L'accentuation a la même valeur qu'en français; la lettre ³e² n'étant jamais muette, devra être considérée comme surmontée de l'accent aigu lorsqu'elle ne sera pas accentuée.

Toutes les lettres d'un mot ayant un rôle, les voyelles doivent être prononcées distinctement.

Ex. : au doit se lire a ou et non ô. ou doit se lire o ou et non ou.

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