Les HAOUSSA

Ils vivent au centre (entre Dogondoutchi et Zinder). Ils sont probablement
des descendants de populations sahariennes qui durent céder à la
poussée touarègue, pour descendre vers le sud. Ils
représentent la grande majorité de la population
nigérienne (plus de la moitié).
Mais ici comme au Nigéria, où ils sont 20 millions,
les HAOUSSA ne forment pas un groupe ethnique homogène. Leur
seul lien commun est en réalité leur langue, la langue
haoussa (souvent transcrite en caractères arabes) qui est également
parlée dans tout le nord Nigéria et dans plusieurs
autres pays de l'Afrique centrale.

Les HAOUSSA sont des agriculteurs de bonne réputation (mil
et arachides), mais aussi des artisans renommés du cuir et
du vêtement. On y dénombre aussi bon nombre de commerçants
cosmopolites, qui sillonnent de longue date l'Afrique de l'ouest
et du centre, avec un remarquable sens des affaires.
Parmi les HAOUSSA du Niger, on peut citer : les KOURFEYAOUA ou SOUDJE,
que l'on trouve dans l'arrondissement de Filingué. Ils seraient
venus de la région de Maïné Soroa, et auraient
séjourné un certain temps dans l'Adar Tahoua. La langue
haoussa n'est cependant pas leur seule langue. La plupart parlent
aussi le zarma ; les MAOURI peuplent l'AREWA, région comprise
entre Filingué, Dosso, Adar-Tahoua et Konni. C'est une région
fertile et les MAOURI sont réputés pour leur puissance
de travail ; les TCHANGA, sont répandus sur les deux rives
du fleuve Niger, du côté de la frontière nigéro-béninoise.
Ils sont fortement marqués par l'expansion songhaï ;
les ADARAOUA, et les KONNAOUA occupent, comme leurs noms l'indiquent,
respectivement les régions de l'Adar et de konni. Ce sont
des populations essentiellement animistes dont certaines pratiques ésotériques éveillent
encore un très grand intérêt. Il y a même
les GOBIRAOUA (du Gobir), les KATSINAOUA (du Katsina et, ici, de
Maradi et tessaoua), les DAMAGARAOUA (Damagaram ou Zinder) et plusieurs
autres groupements ayant presque tous également pris le nom
de leur région d'habitation.

Le haoussa est la langue la plus répandue d'Afrique noire
avec environ 45 millions de locuteurs. Langue première des
Haoussa et des Fulani, c'est la langue dominante au Niger (parlée
par 60% des 10 millions d'habitants du pays) et au Nigeria (nord).
C'est l'une des trois langues nationales indigènes reconnues
par la Constitution nigériane (sur les 115 millions d'habitants
du pays en 1996, 32% sont haoussa et fulani). Dans le nord du Nigeria,
le haoussa est utilisé dans la presse, l'enseignement primaire
- où il facilite l'alphabétisation des diverses minorités
- , les émissions de radio et de télévision.
En revanche, l'enseignement supérieur est dispensé en
anglais, langue officielle du pays.
Le haoussa est également parlé au Ghana, Togo, Bénin,
Cameroun, Centre Afrique, Congo-Brazzaville. Grâce aux traditions
commerciales des Haoussa, il sert de lingua franca pour le commerce
dans toute l'Afrique occidentale.
Le haoussa appartient au groupe tchadien qui présente certaines
ressemblances avec les langues chamitiques. Comparé aux autres
langues africaines, le haoussa est remarquablement unitaire. On distingue
le haoussa standard (dialecte de Kano) du dialecte de l'ouest (Sokoto)
et des dialectes nigériens (Tibiri, Dogondoutchi, Filingué).
Le haoussa utilise deux systèmes d'écritures, l'un
basé sur l'alphabet latin, l'autre sur l'alphabet arabe. La
transcription latine, introduite par les Anglais au Nigeria au début
du XXè siècle, s'est imposée en 1930 comme l'orthographe
officielle. Quant à l'alphabet arabe, il est encore usité dans
les écoles coraniques. Le haoussa est une langue relativement
simple : pas de classes nominales, un système de tons
qui peu à peu s'efface au profit d'un système fondé sur
l'accent et la longueur vocalique ; deux genres (masculins et
féminin). A noter deux particularités: la formation
très irrégulière des pluriels et l'existence
d'un tu masculin et d'un tu féminin.
La richesse du vocabulaire est due en grande partie aux nombreux
emprunts à l'arabe (termes religieux et techniques) et, plus
récemment, à l'anglais (Nigeria) et au français
(Niger). 
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