LA PATRIMOINE DU NIGER
Musée National de Niger
DANLADI Adamou, Chef Service Gestion des Collections
Direction du Patrimoine des Musées, Chef de Division Recherches & Publications
INTRODUCTION
Situé en Afrique Sub-sahérienne, le Niger s’étend
sur une superficie de 1.267.000 Km² pour une population estimée
en 2001 de plus 11.000.000 d’habitants. Il est limité au
nord par l’Algérie et la Libye, au Sud par le Nigéria
et le Bénin, à l’est par le Tchad, à l’ouest
par le Burkina Faso et le Mali. Sa population, repartie à 75%
sur ¼ du territoire, est composée de Haussa, Djerma,
Sonrai, Touareg, Kanouri, Arabe, Gourmaché, Toubou et Bandouma.
Leurs principales activités sont l’agriculture, l’élevage,
le commerce, l’artisanat et la pêche. Carrefour des cultures
de l’Afrique noire et du Nord, le Niger dispose des valeurs culturelles
et naturelles très riches et variées telles que : les
ensembles bâtis, les sites historiques et archéologiques,
les sites naturels et les fêtes traditionnelles.
LES CARACTERISTIQUES DU PATRIMOINE CULTUREL IMMOBILIER DU NIGER
La protection et la conservation du patrimoine culturel immobilier
constitue, une préoccupation majeure de notre pays. Un certain
nombre d’actions, certes insuffisantes, ont été mises
en œuvre en faveur du dit patrimoine. On peut souligner entre
autres réalisations : - La réhabilitation en 1996 de
certains Palais des Sultanset Chefs de provinces à Zinder, Maradi
et Dosso .
- Concernant la présentation à l’U.N.E.S.C.O, d’une
liste indicative de sites et de biens susceptibles d’être
inscrits sur la liste du patrimoine mondial en 1995, il s’agit
: de la mosquée d’Agadez et la vieille ville, le palais
du Kaouar et la Réserve de Termit. La création d’une
direction nationale chargée de la gestion du patrimoine et des
Musées au Niger en septembre 2000. - L’étude sur
la conservation du patrimoine culturel immobilier au Niger, réalisée
en 2001 par CRATerre- EAG en collaboration avec la Direction du patrimoine
et des Musées sur financement de la Coopération française.
- La restauration du palais du sultan et de la mosquée d’Agadez
ainsi que le relevé des bâtiments de l’ancienne
ville en mai 2002.
Notre pays s’est doté en 1997 d’une loi, n°97-022
du 30 juin 1997, relative à la protection, la conservation et
la mise en valeur du patrimoine culturel national. Ses modalités
d’application ont été fixées par le décret
n°97-407/PRN/ACC/MESRT/I. Les principales catégories du
patrimoine légalement prises en compte au Niger sont : les ensembles
bâtis (la vieille ville, d’Agadez, le quartier Birni de
Zinder) les monuments (mosquée d’Agadez, le palais du
Sultan de Zinder), les sites (site archéologique de Bura, les
tombeaux de Madarounfa), le site naturel (réserve parc W) .
 
EXEMPLES DE PATRIMOINE CULTUREL I MMOBILIER
AU NIGER: LA MOSQUEE D ’AGADEZ
Au cœur d’Agadez, à la périphérie
nord-ouest de la ville et jouxtant le palais du Sultan, la grande
mosquée, avec son minaret haut de 27m est l’un des monuments
nigériens le plus remarquable et les plus connu dans le monde.
Sa construction remonte au XV ème siècle. Selon certaines
sources, la mosquée aurait été construite avec
son minaret vers 1515 par un certain Zakaria bâtisseur du grand
minaret et de plusieurs anciennes mosquées dans la ville.
Un patrimoine architectural, unique, la mosquée d’Agadez
a des caractéristiques typiques de l’architecture Sahélo-Soudanaise
puisqu’elle présente des caractères généraux
(formes, matériaux) de l’ensemble de monuments religieux
musulmans du sud du Sahara. Toutefois, elle semble être beaucoup
plus caractéristique d’une école d’architecture
locale propre à l’Aïr et sa bordure ; elle est
la seule à conserver les vestiges d’un minaret de la
fin de XV ème siècle, les tours des mosquées
maliennes étant dans leur état actuel, bien postérieures.
La mosquée et ses dépendances sont entourées
de murs d’enceinte et occupent une vaste surface d’environ
5.600 m² dont 1.480 m² pour les bâtiments. L’enceinte
contient, la grande mosquée avec un oratoire très ancien,
le minaret et les extensions successives ont progressivement occupé les
cours, ainsi que les vestiges de deux essais infructueux du minaret
conservés comme témoin de l’histoire. on y trouve
aussi deux cimetières (l’un réservé aux
membres et la famille du sultan et où se trouve le tombeau
de Sultans jumeaux morts en 1515, l’autre pour les enfants
morts en bas âge). Le minaret fut remanié vers 1844 – 1847.
Chacune de ses faces est percée de sept petites fenêtres
qui donnent sur un escalier qui possède quatre vingt dix neuf
(99) marches pour accéder au sommet primitif construit vers
1445. Cette grande salle basse de 18 m sur 22 m est subdivisée
par six travées formées par des murs épais aux
couvertures basses et étroites. Dans la première travée,
se trouve une place réservée au Sultan appelée
le moqsura, proche du mihrab.
La mosquée d’Agadez est régulièrement entretenue
localement avec le souci constant de ne pas dénaturer son aspect. En
plus des entretiens périodiques, la mosquée a bénéficié de
travaux de restauration en mai 2002 fruit de la coopération française
avec l’appui de CRATerre-EAG et du Ministère en charge de la Culture.
Dans le cadre de la nomination de la mosquée, le palais et la vieille
ville d’Agadez, au patrimoine mondial, un dossier a été soumis à l’UNESCO
en vue de parachever l’étude préparatoire déjà entamée
dans ce sens.
 
LES ROUTES DU SEL DU KAOUAR ET DE L’AÏR
Les pistes du désert Saharien réunissant l’Afrique
de l’Ouest à l’Afrique Méditerranéenne,
ont été depuis la plus lointaine antiquité,
utilisées pour les échanges commerciaux. Leur connaissance
nous parvienne grâce aux voyageurs arabes du (Xème siècle)
puis aux occidentaux (à partir de XVème siècle).
Certains de ces itinéraires comptent les routes, même
si leur importance économique a progressivement régressé.
Ces itinéraires conservent de nos jours une trace émotionnelle
et historique importante et font partie du patrimoine culturel des
populations qui en tant que producteurs, commerçants, caravaniers…,
ont contribué à leur développement. Sur le territoire
actuel du Niger, les routes du sel du Kaouar et de l’Aïr
ont représenté depuis les temps les plus anciens, un
important carrefour de routes commerciales entre la zone méditerranéenne
au nord et la zone soudanaise au sud, entre la Mauritanie et le delta
intérieur du Niger à l’ouest et la région
du lac Tchad à l’est.
La route du sel du Kaouar et de
l’Aïr se caractérise par ses repères spaciaux
importants qui sont :
a) - le point de formation de la caravane (ville d’Agadez)
b) - le lieu d’échange (espace « neutre » dans
les oasis)
c) - les sites de productions (les salines)
d) - les points de passages obligés (arbre du Ténéré,
les puits)
e) - les points d’aboutissements des produits (villes et village
du Sud)
Le rôle important qu’ont joué les itinéraires
dans le développement économique et socioculturel (patrimoine évident)
ce qui justifie aujourd’hui leur prise en considération
en vue de les identifier et de les mettre en valeur. Le Niger, soucieux
de conserver cet élément historique, à depuis
1995 inscrit sur la liste indicative transmise à l’UNESCO « la
route du sel du Kaouar et de l’Aïr ». Aujourd’hui,
dans le cadre des actions urgentes de conservation, notre pays entend
organiser en 2002 – 2003, une réunion de concertation
avec tous les pays concernés par les routes du sel qui sont
: l’Algérie, la Libye, le Maroc, le Mali, la Mauritanie,
le Nigéria, le Tchad et Burkina-Faso. Cette rencontre permettra
aux participants de réfléchir ensemble en vue de sauvegarder
leur patrimoine commun, c’est à dire, l’inscrire
sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité.
Les objectifs visés sont
- Sensibiliser les pays concernés sur l’importance et
la valeur de mémoire de ces itinéraires ;
- Dégager les stratégies de l'inscription au patrimoine
et de sa mise en valeur .
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