Culture
/ Histoire / Société
|
SIDA
Positions sidérantes
Parmi les derniers dans les classements du PNUD, le Niger est aussi
un des dernier pays africain dans les classements par taux de prévalence
au VIH-sida. Mais les marabouts s'en mêlent...
A l'issue d'un forum sur l'élaboration d'un guide de sensibilisation
sur le sida au Niger, d'éminents marabouts ont demandé au
gouvernement l'institution du test de dépistage du VIH-sida
chez les jeunes filles, avant leur mariage. Quelque temps plus tôt,
ils venaient de rejoindre l'andropausé Jean-Paul II, en s'opposant à l'utilisation
des préservatifs. Aucune de ces deux déclarations, dans
quelque sens qu'on les lise, ne rattrape l'autre.
Pour prévenir l'extension du sida, faudra-t-il donc passer par
des procédures incompatibles avec la protection d'informations
sur la vie privée ? Faudra-t-il insidieusement prôner
des amours sans latex, non seulement éloignées des pratiques
modernes, mais finalement assassines ? Le coït auquel on retire
la vocation de donner la vie ne vaut-il pas mieux que celui qui donne
la mort ?
Sida... venture
Le Niger serait un des pays d'Afrique les moins touchés par
le fléau, avec "seulement" 60 000 séropositifs,
dont près de 6 000 malades. Mais ce sont là des chiffres
officiels qui ne convainquent guère les hommes de terrain confrontés à une
réalité qu'il estiment moins "rose", à défaut
de l'évaluer statistiquement. Et ce taux de prévalence,
même inférieur à la tragique moyenne africaine,
ne met pas à l'abri des pénuries de réactifs indispensables
dans le dépistage du VIH-sida. C'est le cas, selon des sources
hospitalières, dans plusieurs régions du Niger, dont
celle de Tahoua au nord.
Les marabouts, qui sont souvent consultés comme "médecins",
savent peut-être de quoi ils parlent. Ils ont par ailleurs eu
la sagesse d'inviter les autorités nigériennes à ouvrir
des "négociations" avec les laboratoires et firmes
internationales afin de "faire baisser" les coûts des
anti-retroviraux, ceux-là même qu'un Thabo Mbeki mal inspiré jugeait "aussi
dangereux que le sida". Mais en attendant d'offrir aux personnes
infectées un accès aisé aux trithérapies,
il faudrait éviter d'offrir au nombre de ces personnes infectées
l'occasion de croître. Et ça passe - pour que le virus
ne passe pas - notamment par la bonne vieille capote anglaise. Pour
les chefs religieux comme pour les autres, l'influence devrait se mériter
par l'usage qu'on en fait.
Malam Amghar
voir site: www.marabout.net
|
|